• Apr 11, 2025

Pénurie de médicaments : quelles conséquences pour les familles concernées par le TDAH ?

  • Sébastien Henrard
  • 1 commentaire

Depuis plusieurs mois, les pénuries de médicaments font régulièrement la une des journaux. Mais lorsqu’il s’agit de traitements essentiels pour les personnes présentant un trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH), les conséquences sont bien plus que logistiques : elles sont concrètes, quotidiennes, parfois même déstabilisantes.

Aux États-Unis, cette crise touche de plein fouet les familles, les professionnels de santé et les systèmes de soins. En France, si l’on ne parle pas encore de crise à proprement parler, certaines tensions émergent. Dans les deux cas, les enjeux sont réels, et soulèvent une question essentielle : peut-on encore garantir un accès équitable aux traitements du TDAH ?

Une crise persistante aux États-Unis

Une étude récente publiée dans Pediatrics alerte sur l’ampleur de la pénurie de médicaments stimulants aux États-Unis, notamment le méthylphénidate (Ritaline, Concerta…) et les amphétamines (Adderall, Vyvanse…). Cette situation dure depuis 2022 et montre peu de signes d’amélioration.

Parmi les principales conséquences observées :

  • Des interruptions de traitement fréquentes, exposant les enfants comme les adultes à une recrudescence des symptômes : inattention, agitation, impulsivité…

  • Une charge mentale accrue pour les familles, contraintes d’appeler plusieurs pharmacies, de changer de formulation, voire d’interrompre les soins.

  • Une aggravation des inégalités sociales, car seuls certains peuvent se permettre de se tourner vers des options privées, parfois coûteuses ou géographiquement inaccessibles.

Ce contexte souligne l’extrême dépendance du système américain aux chaînes d’approvisionnement et à la rentabilité pharmaceutique. Il met aussi en lumière la vulnérabilité d’un trouble souvent mal reconnu dans les politiques publiques de santé.

Une situation plus discrète en France… mais pas absente

En France, la situation est moins alarmante, mais pas inexistante. Le méthylphénidate, seule molécule stimulant disponible, a connu ces dernières années plusieurs épisodes de tension ou de rupture, notamment en raison :

  • d’une augmentation continue des prescriptions, liée à un meilleur repérage du TDAH ;

  • de contraintes de production (matières premières, autorisations de mise sur le marché, délais de fabrication) ;

  • d’un nombre restreint d’alternatives thérapeutiques, ce qui limite les solutions de remplacement en cas de pénurie.

Même si les professionnels et les pharmacies parviennent à gérer ces épisodes ponctuels, il existe un risque croissant d’instabilité, surtout si la demande continue de croître sans une anticipation adéquate.

Au-delà du médicament : une leçon à tirer

Ces tensions, aussi problématiques soient-elles, nous rappellent une chose essentielle : le TDAH ne peut pas reposer uniquement sur la médication. Si les traitements stimulants sont reconnus comme efficaces dans de nombreux cas, ils ne constituent qu’un pan de la prise en charge.

Face à une rupture, ce sont souvent les autres dimensions — psychoéducation, stratégies comportementales, accompagnement scolaire, soutien parental — qui doivent être mobilisées. Et c’est parfois à ce moment-là qu’on réalise à quel point elles sont peu mises en place ou peu accessibles.

Cette crise, paradoxalement, pourrait donc être l’occasion de réinterroger nos pratiques et de remettre en avant une vision plus globale du TDAH, dans laquelle la médication est un outil parmi d’autres, et non une solution unique.

Une vigilance nécessaire pour l’avenir

À l’heure où les diagnostics augmentent, où la parole se libère, où les familles sont mieux informées et plus mobilisées, il devient urgent d’anticiper ces pénuries — au lieu de les subir. Cela suppose :

  • une meilleure planification des approvisionnements,

  • une diversification des options thérapeutiques disponibles,

  • et un soutien accru aux approches non médicamenteuses dans les parcours de soin.

Mais cela suppose aussi d’écouter ce que vivent concrètement les patients et leurs familles.

Et vous, avez-vous déjà rencontré des difficultés d’accès aux traitements en France ?

Avez-vous été confronté à une rupture, un changement de médicament, ou une impossibilité temporaire d’obtenir une prescription ?
Vos témoignages sont précieux pour mieux comprendre ce que les chiffres ne disent pas : la réalité du quotidien.

1 commentaire

Cynthia BennourApr 12

Bonjour Sébastien,

Vis ma vie de TDAH !!! Moi, je suis sous Ritaline aucun souci jusqu'à présent 🤞. En revanche, pour mon fils, c est un autre souci. Il a commencé en mai dernier par medikinet puis rapidement concerta qui lui réussissait bien, tant sur l effet attendu que sur le peu d effets secondaires. Octobre : rupture place au quasym : Apparition des tics nerveux envahissants et prurit du cuir chevelu et moindre effet sur la motivation en classe. Puis décembre, rupture quasym et concerta, on bascule sur medikinet, la cata. Rdv pédiatre, pour modifier l ordonnance et écrire toutes les options possibles. Finalement, février on retrouve du concerta et là, de nouveau rupture même sur le générique. Seule option restante non encore testée pour mon fils, la Ritaline. Sauf que, l équivalence ne se fait pas en 1 seule prise. Concerta LP 36 mg = ritaline Lp 20 mg le matin + 10 mg le midi. Et là, retour chez la pédiatre pour rédaction d un PAI pour l école. Pédiatre qui se trompé, car demande faite dans la précipitation. Bref, tous 2 fois/mois, c'est la boule au ventre que je me rends chez mon adorable pharmacien qui se démène à chaque fois pour nous trouver une solution. Je croise les doigts mais nous ne sommes jamais rester sans traitement.

Pour les facteurs explicatifs, on pourrait ajouter :

  • La panne de chaîne de production chez Jansen

  • Le système de vente au plus offrant. Le fabricant privilégie la livraison aux pays où le Médoc est vendu à un prix plus élevé. La France, n est pas très attractive sur ce point là.

  • Enfin, une cause également soulevée par les pharmaciens. Les prescriptions douteuses présentées par certains étudiants au moment des examens.

Je ne sais quelles sont les solutions pour fluidifier les choses et tranquilliser les familles.

Belle journée

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